48 heures pour tout changer
 
En une seule seconde des vies entières peuvent basculer.
Le bonheur peut se transformer en enfer et les rêves en film d'horreur. Une seconde ce n'est rien; ça passe vite et l'on y attache peu d'importance. Pourtant on devrait se méfier de chacune d'entre elles.
5h45, je ne peux m'empêcher d'écrire. L'écriture atoujours été ma passion. Entendre le bruit du crayon de bois sur une feuille de papier, sentir l'odeur de celle-ci. Ecrire. Gommer. Réécrire. Tous les sentiments, idées, histoires, que l'on a en tête. Laissez emporter notre imagination afin de tout retranscrire sur papier. C'est fou le bien que cela peut apporter. S'évader, évacuer tout ce que l'on n'a en nous; extérioriser.
C'est ça la magie de l'écriture.
C'est ce que je fais à ce moment précis; j'écris, des lettres.
Ce n'est pas à mon habitude mais aujourd'hui j'en ai envie. J'expose sur chacune de ses lignes mes sentiments, ceux que j'éprouve envers chaque personne à qui s'adresse ses lettres.
Je n'ai pas pour habitude de dévoiler ce que je pense, mon entourage me croit insensible; alors je me dévoile afin qu'ils sachent, qu'ils ont tous à leur façon; une place dans ma vie, et que grâce à eux, elle était meilleure.
Une larme coule sur la dernière. C'est celle qui est adressée à ma mère. C'est la personne qui, je pense, j'ai fais le plus souffrir; et qui est persuadée que je ne l'aime pas. Ce qu'elle ignore c'est que je m'en veux de mon comportement avec elle. Toutes ces engueulades, ces pleures, ces insultes. Si elle savait …
J'aimerais tant lui ressembler. Malgré tout ce que je lui fais subir elle paraît être une personne heureuse invétérée. Elle a un boulot d'avocate qu'elle apprécie énormément et pour lequel elle se donne à fond. De plus elle prend du temps pour elle, fait attention à son apparence, et est douée en peinture. Que demander de plus ? Un mari ?
J'ai une mère formidable.
Effectivement elle n'a pas de compagnon. A dire vrai je les ais tous fais fuir. Si ma mère a un défaut c'est de m'aimer et de me couvrir tout le temps,  de me faire passer avant ses envies , ainsi que ses amours. Je m'en veux pour ça aussi...

Si seulement j'étais une fille exemplaire; je n'aurais aucun remord.
Ma deuxième lettre est destinée à ma grand-mère, qui vit seule depuis un an maintenant suite au décès de mon grand-père; qui m'a toujours soutenue, encouragée et conseillée, alors qu'elle même n'allait pas bien. Qu'est-ce-que je suis égoïste.
Si seulement mon papy était encore là pour lui apporter le bonheur qu'elle mérite.
Les autres lettres sont adressés à diverses personnes, parfois même des qui ne savent pas qu'elles ont apportés quelque chose à mon existence; et pourtant...
Des personnes que l'on a côtoyé cinq minutes, que l'on a croisé dans la rue, ou même simplement entendu parler ou alors vu dans un reportage , peuvent changer notre vie sans le savoir.
Chaque personne est importante.

7h30. La cuisine est faiblement éclairée par les quelques rayons de soleil qui traverse le volet. Pourtant même si la journée ne fait seulement que commencer pour certains, pour moi j'ai déjà fini mon travail de cuisinière.

Sur la table se trouve des pancakes, de la brioche, des oeufs, du bacon et du jus de fruits fraîchement pressé. Ce festin n'attend que ma mère qui devrait d'ailleurs arriver d'une minute à l'autre.
J'ouvre enfin les volets afin de laisser la lumière du soleil envahir la cuisine.
Ca y est. Elle est là. Debout, devant moi, elle reste bouche bée. Me contentant d'un petit sourire, je lui fais ensuite signe de ne rien dire et d'en profiter. A quoi bon perdre son temps avec des excuses et des explications ? Ceci sera pour plus tard; pour le moment c'est l'heure du petit déjeuner.
C'est la première fois qu'on reprend un petit déjeuner ensemble depuis que j'ai huit ans .
Aujourd'hui j'en ai 19, 10 mois et 2 jours.

8h45. Ma mère part au boulot; quant à moi je me faufile dans la salle de bain afin de me préparer.

9h15. Bien habillée, un sac assortie à ma tenue, je quitte la maison en direction du centre ville.

9h30. Je suis juste devant une maison d'édition et je me contente de déposer un colis avec une lettre devant la porte.
J'ai toujours rêvé d'écrire un roman et d'être publiée, mais je n'ai jamais osée.
Si j'ai appris quelques choses ces dernières heures c'est que dans la vie il faut oser. Alors j'ai osé !
J'ai mis dans ce colis un roman que j'ai écris, imprimé et illustré moi-même; le tout avec les moyens du bord certes, mais que j'ai le mérite d'avoir fais seule. A travers les mondes. C'est le titre de mon roman. Je ne vous raconte pas l'histoire, on ne sait jamais, imaginez que je sois publiée; ça serait dommage de gâcher le suspens. L'espoir fait vivre !

10h15. Je me retrouve dans la boutique de vêtements la plus chère du quartier. Mon objectif ? Trouver une robe magnifique dan
s laquelle ma mère fera craquer tous les hommes.
Je crois que je l'ai trouvé. Simple, sobre, blanche et longue, ornée de paillette légèrement visible; malgré que j'adore l'écriture je ne saurais vous la décrire tellement elle est sublime. Je suis certaine que ma mère le sera également lorsqu'elle la portera.

11h10. De retour chez moi je dépose la robe sur le lit de ma mère puis je décide de lui concocter un bon petit repas puisque ce matin elle avait l'air d'avoir apprécié. Escalopes de dinde panées et gratin dauphinois. Ce n'est pas un grand repas mais je suis déjà étonnée d'avoir réussi à faire ça; enfin si c'est mangeable. Ca on le saura lors du déjeuner. Pour le moment il faut que je passe chez ma grand-mère avant que ma mère rentre du travail.

12h. Je viens d'arriver au fleuriste et je suis déjà prête à ressortir avec un bouquet à la main. Des roses blanches; celles que mon grand-père lui offrait chaque semaine et qui lui faisait tant plaisir. Depuis elle n'en n'a plus jamais eu.

12h20. Je toque chez ma grand-mère mais personne ne répond; elle doit-être sortie. Je repars donc en direction de chez moi laissant le bouquet devant la porte.

12h30. L'heure à laquelle ma mère finit le boulot.
C'est également à cet instant précis que j'ai fais un arrêt cardiaque dans la rue.
Je m'appelais Laura Boher, j'avais 19 ans, 10 mois et 2 jours. Les cheveux longs, noirs, ondulés, grande et mince. Mes yeux étaient bleus. J'aimais beaucoup mon entourage mais je ne le montrais pas. 48 heures pour tout changer, c'est ce que l'infirmière m'avais dit la veille lorsqu'elle m'a annoncé que mon examen de cardiologie était en fait erroné et que j'allais mourir. Pourtant je n'ai pas eu la chance de profiter de ces 48 heures. Cependant ces dernières heures ont été les meilleures depuis que j'ai huit ans; depuis que mon père est mort d'un arrêt cardiaque et que je m'étais empêché de vivre heureuse alors que c'était lui qui ne pouvait plus avoir cette chance; et non moi.
Tout cela je l'ai compris ces dernières heures; c'est pourquoi j'ai décidé de profiter d peu de temps qu'il me restait et d'essayer de réparer le mal que j'avais causé.
Deux mois après ma mort, mon livre était dans toutes les librairies et ne tarderait sans doute pas à être un best-seller.
Quant aux lettres que j'avais écrites elles doivent sûrement encore être cachés entre mon matelas et mon sommier. Peut-être qu'un jour quelqu'un les découvrira et qu'elles seront remises aux personnes concernées.
Chaque seconde tout peut changer, alors n'oubliez pas de profiter de chacune d'entre elle...



 
 



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